par le professeur Sarah Keene Meltzoff
Department of Marine Ecosystems and Society
Rosenstiel School of Marine and Atmospheric Science
Université de Miami, Etats-Unis
La version originale de cette étude de cas est le résultat de l'invitation du professeur Paul Durrenberger à contribuer un chapitre à son livre «State and Community in Fisheries Management: Power, Policy, and Practice » (Durrenberger et King, édition 2000).
2000 Meltzoff, S.K., ["Nylon Nets and National Elites: Alata System of Marine Tenure Among the Lau of Fanalei Village, Port Adam Passage, Small Malaita, Solomon Islands"] « Filets en nylon et élites nationales: le système des Alata des régimes marins chez les Lau du village Fanalei, Passage Port Adam, Petite Malaita, Iles Salomon », chapitre invité du livre de Durrenberger, E. Paul et Thomas D. King, édition 2000. State and Community in Fisheries Management: Power, Policy, and Practice. Westport, CT:Greenwood Publishing. 69-82.
De petits bijoux se trouvent sur le sable humide, des jais noirs parsemés de bleu irisé, des rayures jaunes et oranges, des motifs vert-rouge. Ces poissons miniatures de récif ont été piégés par la petite maille des grands filets en nylon entassés à l'avant de la pirogue. Ils reflètent la prise mince des pirogues de quatre hommes ayant l'habitude de rentrer chez eux chargés. Comme les pêcheurs se partagent les poissons, les femmes se contentent de réclamer les petits poissons. Creusant des trous ave les canots, ils marquent des tombes avec des palmes de cocotier. Les petits enfants jettent les couleurs dans l'air. D’autres enfants arrivent avec des cannes à pêche, et en recyclent quelques-uns en guise d’appât. Ils se dirigent vers les bassins de la marée le long du récif frangeant de la rive Est de l'île de Fanalei.
Jusqu'à l'introduction de filets en nylon modernes et l'accès à un marché au comptant en milieu urbain, le système des Alata a conservé les récifs peu profonds et ses poissons juvéniles sous la direction du clan principal de Fanalei. Alata est le système traditionnel ou «coutumier» marin chez les habitants Lau "Saltwater" («les gens de l'eau salée»). Ce cas explore comment le village de pêcheurs de Fanalei sur le Passage Port Adam, Petite Malaita, a modifié ses Alata et l'utilisation coutumière des ressources récifales. En positionnant le système des Alata dans une perspective historique, nous comprenons les changements sociaux, économiques, politiques et environnementaux perpétuels qui interagissent et font constamment évoluer la pêche dans les récifs de Fanalei.
Mon travail ethnographique multi-sites dans les îles Salomon a commencé à Fanalei et dans le village Sa'a de Petite Malaita en 1973 (grâce à Thomas J Watson Fellowship), avec le privilège d'observer les transformations dans la vie de l'île au cours des dernières années de la domination coloniale. Cela a conduit à ma thèse de terrain en anthropologie culturelle à l'Université Columbia, NY (grâce à ICLARM et la Fondation Rockefeller), suivie de visites de terrain périodiques vers 1992. L’étude ethnographique pour ce cas remonte en 1988, quand la trésorerie nette de la pêche effrénée des Alata était à son apogée.
La « Civilisation » - le terme en anglais pidgin pour le monde moderne de machines et de produits manufacturés, utilisé en opposition à la «coutume» - est venue des basques de la colonisation britannique. Les Îles Salomon ont été officiellement réclamées par la Grande-Bretagne en 1893. La « Civilisation » a exigé la Pax Britannica dans le cadre du programme de l'administration directe pour mettre fin à la chasse aux têtes et aux raids constants. La « Civilisation » exigeait également que les insulaires entrent dans un monde où l'argent n’est pas seulement souhaitable, mais nécessaire. Les britanniques ont volontairement déclenché la nécessité d'argent en imposant des taxes d’entrée. Le chef de district de Malaita devait patrouiller et percevoir des impôts ainsi que des armes illégales pour apprivoiser ce lieu sauvage le plus dangereux de l'imagination britannique, où le cannibalisme était réel.
Lorsque l'indépendance est arrivée en 1978, à la fin de l'ère coloniale mondiale, la Grande-Bretagne semblait heureuse de céder. Elle n’avait jamais développé une richesse extractive ou une infrastructure importante pour la population des îles Salomon qui aujourd’hui explose. En 1972, lors du déclin de la domination coloniale, les Britanniques ont fait l’effort de créer une source de devises à travers un joint-venture à la pêche au thon avec la société japonaise, Taiyo-Gyogyo, plus grande société de pêche du monde (Meltzoff et LiPuma 1982). La pêche à la ligne de listao à Salomon était censée devenir la principale source du PNB pour un État en construction dépendant de l'aide étrangère. Mais l'histoire ne s’est pas déroulée de cette façon parce Taiyo, une entreprise verticalement organisée, a déclaré des pertes de la co-entreprise pour au moins la première décennie de fonctionnement, malgré de belles prises.
Solomon Taiyo, cependant, était devenu une source alternative d'emplois populaire au lieu du travail dans les plantations. Les jeunes Saltwater de Fanalei ont immédiatement embauché comme pécheurs expérimentés. La « Civilisation » l’emporte sur la «coutume», les travailleurs migrants en alternative à la guerre, étaient devenus la norme sociale établie. Le désir d'argent comptant du village a seulement augmenté avec l'indépendance. Compte tenu de ces forces de changement, le système des Alata des Lau et la pêche au sein du Passage Port Adam ont été amorcés pour un changement drastique.
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(1) Ce document est en l'honneur de Wilson Ifunao. En 1973, il rentra chez lui de l'Université de Papouasie-Nouvelle-Guinée, où il avait étudié l'anthropologie. Moi aussi, venant tout juste de terminer l'université et grâce à une bourse Watson que j’ai obtenue, j’ai réussi à vivre partout dans le monde pendant un an. Un fantasme de Margaret Mead et un désir ardent de mers tropicales m'ont conduit dans les îles Salomon. Honiara était alors une petite capitale britannique coloniale bordée de palmiers dans une architecture de de guerre américaine, de routes et ponts et reliée au monde extérieur par l'aérodrome Henderson de la Seconde Guerre mondiale. La population de Honiara était de 7000 habitants dans un archipel d'environ 200 000 personnes. Et, Wilson n’était que l'un des cinq Salomonais avec un diplôme universitaire. Il venait juste de commencer à travailler pour le gouvernement quand il m'a pris sous son aile. Il était chaleureux et drôle, très intelligent et réfléchi sur les changements sociaux qu'il menait. Nous sommes devenus amis et il m'a invité à aller vivre dans son village traditionnel "Saltwater", à Fanalei, où son père était le chef. Quelques années plus tard, Wilson a failli venir à Stonybrook pour son doctorat en anthropologie. Alors que j’étais étudiante diplômée de Columbia, j’étais sur le point de le chercher à l'aéroport quand il m’a télégraphié que le gouvernement salomonais venait de lui offrir un poste beaucoup trop important pour renoncer, le premier d'une brillante carrière. Wilson et son épouse originaire de Lau Nord, ont élevé des enfants qui, à leur tour, sont des élites nationales. Plusieurs frères, sœurs et cousins de Wilson et leurs enfants sont des élites nationales. Wilson était un membre extraordinaire d'un clan impressionnant, et un chef de file de sa première génération d'élite nationale. Il est mort de problèmes cardiaques en 1996.
Toutes les photos sont de l'auteur sauf la carte générale.