Index de l'article

 Les déchets marins vont blesser, voire tuer la vie maritime par ingestion ou étranglement, et ainsi imposer une contrainte supplémentaire sur ces organismes subissant déjà la surpêche et d'autres influences anthropiques. La 'pêche fantôme' par les filets de pêche perdus ou abandonnés n'est qu'un exemple parmi d'autres. Environ 267 espèces animales différentes ont été signalés souffrir de l'enchevêtrement et l'ingestion de débris en plastique. Ces plastiques peuvent également créer des habitats pour certains micro-organismes et d'autres espèces potentiellement envahissantes, leur permettant de se faire véhiculer vers d'autres zones de l'océan.

D'autres menaces pour la faune incluent, par exemple, l'étouffement des fonds marins ou les perturbations créées par les déchets marins. Cela provoque également des dégâts aux hommes, aux biens et aux moyens de subsistance. C'est le cas lorsque les débris encrassent les hélices des bateaux, bouchent les apports d'eau, bloquent les systèmes de pompage ou encore provoquent des blessures sur les plages ou dans les parcs. Certains estiment que le coût réel économique pourrait facilement s’élever jusqu'à € 1.000.000/an ou plus pour une petite communauté de pêcheurs. De plus, la présence de détritus le long des rives peut également entraîner de sérieux problèmes économiques pour les régions dépendantes du tourisme.

Micro-plastiques?

 

La légèreté et la durabilité du plastique en font un matériau très utile et polyvalent pour les fabricants mais le rend également problématique à long terme pour l'environnement. Le plastic s'accumule parce qu'il n'est pas biodégradable comme la plupart des autres substances organiques. Même sil ne se dégrade pas, il se fragmente dans l'environnement, à cause d'une combinaison de forces mécaniques comme les vagues et/ou de processus photochimiques déclenchés par la lumière du soleil. Cela signifie que le plastique se décompose en morceaux de plus en plus petits, communément appelés micro-plastiques. Ces fragments peuvent provenir de filets et lignes de pêches cassés, de sacs, films et bouteilles plastiques, de résidus de plastique oxo-biodégradable, de matières premières industrielles comme des granulés ou d'autres sources directes de particules plastiques comme par exemple les démaquillants.

Récemment, une nouvelle source de micro-plastiques a été identifiée, à savoir la perte de fibres textiles synthétiques dû au lavage du linge de maison. La plupart d'entre eux semblent échapper aux écrans de traitement dans les stations d'épuration et finissent dans l’océan. Les micro-plastiques flottent normalement à la surface parce qu'ils sont moins denses que l'eau de mer mais la flottabilité et la densité des plastiques peuvent changer au cours de leur séjour en mer à cause des intempéries et de l'encrassement biologique qui les repartissent sur la surface, dans les colonnes d'eau et dans les sédiments. Ce courant régulier mais constant de micro-plastiques mène vers un accroissement conséquent de la proportion de plastique vers le plancton dans l'eau. En raison de leur taille, ils deviennent disponibles à un éventail beaucoup plus large d'organismes et se sont montrés ingérés par plusieurs espèces, allant des arénicoles, moules et poissons jusqu'aux oiseaux. L'ingestion de micro-plastiques par des espèces à la base de la chaîne alimentaire provoque des inquiétudes puisque pas grand-chose n'est connu des effets et du transfert entre les différents niveaux trophiques.

Pilules contaminantes?

Pour ne rien arranger, l'infiltration des additifs toxiques du plastique, utilisée dans la fabrication de matériaux plastiques (par exemple le tétrabromobisphénol A ou TBBPA), lorsqu'ils arrivent dans le milieu marin, accumulent des polluants organiques persistants (POP) comme les biphényles polychlorures cancérigènes et perturbateurs du système endocrinien (PCB), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (PAH) et les pesticides organochlorés résidant dans les océans. Les débris plastiques peuvent attirer et concentrer jusqu'à un million de fois leur niveau en POP dans les eaux de mer environnantes et, une fois ingérés par des animaux marins, les POP mettent en danger la créature les ayant absorbés, mais aussi les organismes situés plus haut dans la chaîne alimentaire.

Cela signifie que les effets possibles des micro-plastiques sur les organismes marins après ingestion sont potentiellement triples : le blocage physique, ou dommage, de l'appareil nutritif ou des voies digestives, l'infiltration d'additifs plastiques dans des organismes après la digestion, et l'accumulation de produits chimiques adsorbés depuis la particule vers l'organisme. Mais les effets ne s’arrêtent pas là ; vu que les micro-plastiques se trouvent dans les organismes situés a la base de notre chaîne alimentaire, ils s'accumulent lors de leur montée dans la chaîne et donc pourraient se retrouver, a terme, dans nos assiettes !