Par Thomas Maes (1)
Que sont les déchets marins?
Certains d'entre nous peuvent se demander ce que sont exactement les déchets marins et d’où ils proviennent. Nous connaissons tous le terme 'déchets' et l'avons vu sous une forme ou une autre dans notre vie quotidienne; un sachet plastique emporté par le vent, des mégots de cigarette sur le trottoir, des bouteilles vides dans le parc, et même des lieux idylliques éloignés gâtées par la présence de détritus. Ce que nous constatons sur terre n'est pas diffèrent de ce que se passe dans la mer et donc le terme 'déchets marins' à été introduit pour décrire des objets jetés, évacués ou abandonnés par l'homme dans l'environnement marin et côtier. Cela comprend des articles qui ont été fabriqués ou utilisés par les gens et, par la suite, abandonnés volontairement ou accidentellement. Ils proviennent de sources basées sur l'océan (navires de pêche, cargos, plates-formes fixes, installations de pisciculture, embarcations de plaisance et autres navires) ou sur terre (détritus, dumping, mauvaises pratiques de gestion des déchets, eaux usées non traitées et rejets d'eaux pluviales, apports fluviaux, installations industrielles, tourisme et événements naturels extrêmes) et peuvent être constatés tout autour du monde. La plupart des sources de pollution marine proviennent de la terre et certaines études indiquent que jusqu'à 80% des déchets marins en découlent.
Les déchets marins, principalement le plastique, constituent une menace environnementale grave pour les organismes marins, ainsi qu'une série de problèmes économiques et sociaux. La majorité des débris marins est composée de matières plastiques -60-80% au total et 90% de débris flottants. Environ 70% de notre planète est couverte d'eau divisée en plusieurs océans et mers plus petites, toutes reliées entre elles et dépendantes les unes des autres. Parce qu'il est le composant principal de l’hydrosphère, cet océan global fait partie intégrante de toute vie connue, forme une partie intégrante de tous les cycles, et influe sur les schémas climatiques et météorologiques. Cela signifie que les déchets plastiques de toutes tailles et de formes sont devenus un problème de pollution transfrontalière avec un véhicule puissant, l'océan!
Comment est-ce devenu si grave ?
Le consumérisme, un ordre social et économique fondé sur le principe d'une volonté d'acheter des biens et services en quantité toujours plus grande, a poussé la société vers une demande sans cesse croissante d'articles en plastique à usage unique, qui à leur tour ont conduit à une accumulation de déchets à l'échelle planétaire. Depuis longtemps, les déchets ont été classé comme quelque chose de sale et sans valeur, et donc l’humanité a crée, sur une base quotidienne, des décharges et des dépotoirs ou des tonnes et des tonnes de déchets s'accumulent pour y venir finir leur vie. La quantité toujours croissante d'immondices, ainsi que leur lente dégradation à fini par mener vers un excédent énorme de polymères synthétiques mieux connus sous le nom de plastiques. Nous avons progressivement rempli les décharges et contaminés nos cours d'eau et rivières qui relient la terre à la mer et, lentement mais sûrement, souillé l’environnement marin avec des substances crées et jetés par l'homme. De nos jours, trois fois plus de déchets sont déversés dans les océans du monde chaque année que le poids total des poissons capturés dans cette même année.
Depuis 1950, globalement, il y a eu une augmentation annuelle moyenne de 9% en matière de production et de consommation de matières plastiques. De 1,5 millions de tonnes en 1950, la production mondiale totale a atteint 245 millions de tonnes en 2008 et cela va continuer à croître, jusqu'à atteindre près de 365 millions de tonnes en 2015 et 540 millions de tonnes en 2020 (en utilisant un taux conservateur annuel de 6,5%). Une analyse de la consommation de matières plastiques sur une base par habitant démontre qu'on en est à environ 100 kg par an dans l'ALENA et l'Europe occidentale. Ces régions ont un potentiel de croissance d'environ 140 kg par habitant d'ici 2015. Le plus grand domaine potentiel de croissance sont les pays en développement rapide d'Asie (à l'exception du Japon), ou la consommation moyenne par habitant n'est que d'approximativement 20kg. (2)
On estime qu'à peu près 2,25 millions de déchets sont déposés au Royaume-Uni tous les jours, alors que seulement 28,5 millions de tonnes de déchets sont collectées en Angleterre annuellement (chiffres du DEFRA en 2008). Les preuves démontrent qu'une seule bouteille de soda d'un litre pourrait se décomposer en particules suffisamment petites pour mettre un fragment sur chaque mile de chaque plage du monde. Par conséquent la densité des détritus en plastique trouvés sur les plages du Royaume-Uni a augmentée de 146% entre 1994 et 2008. Les petits morceaux de plastiques sont les premiers éléments retrouvés depuis 1998. Au moins un morceau de détritus se trouve sur chaque 50 cm de plage au Royaume-Uni (Enquête MCS Beachwatch). Questionnée, 48% de la population du Royaume-Uni avoue jeter des détritus, mais remarquablement 94% trouve le dépôt sauvage un comportement relativement agaçant, voire très irritant. En terme de législation, seulement 4400 avis de pénalité ont été dressés pour des infractions relatives au dépôt sauvage en 2007/2008, ce qui est négligeable par rapport à la quantité de personnes admettant le pratiquer (3).
(1) Ce commentaire reflète les opinions personnelles de l'auteur et ne vise pas à représenter les opinions de Cefas ou d'autres organismes gouvernementaux du Royaume-Uni.
(3) http://www.keepbritaintidy.org/KeyIssues/Litter/Default.aspx
Les déchets marins vont blesser, voire tuer la vie maritime par ingestion ou étranglement, et ainsi imposer une contrainte supplémentaire sur ces organismes subissant déjà la surpêche et d'autres influences anthropiques. La 'pêche fantôme' par les filets de pêche perdus ou abandonnés n'est qu'un exemple parmi d'autres. Environ 267 espèces animales différentes ont été signalés souffrir de l'enchevêtrement et l'ingestion de débris en plastique. Ces plastiques peuvent également créer des habitats pour certains micro-organismes et d'autres espèces potentiellement envahissantes, leur permettant de se faire véhiculer vers d'autres zones de l'océan.
D'autres menaces pour la faune incluent, par exemple, l'étouffement des fonds marins ou les perturbations créées par les déchets marins. Cela provoque également des dégâts aux hommes, aux biens et aux moyens de subsistance. C'est le cas lorsque les débris encrassent les hélices des bateaux, bouchent les apports d'eau, bloquent les systèmes de pompage ou encore provoquent des blessures sur les plages ou dans les parcs. Certains estiment que le coût réel économique pourrait facilement s’élever jusqu'à € 1.000.000/an ou plus pour une petite communauté de pêcheurs. De plus, la présence de détritus le long des rives peut également entraîner de sérieux problèmes économiques pour les régions dépendantes du tourisme.
Micro-plastiques?
La légèreté et la durabilité du plastique en font un matériau très utile et polyvalent pour les fabricants mais le rend également problématique à long terme pour l'environnement. Le plastic s'accumule parce qu'il n'est pas biodégradable comme la plupart des autres substances organiques. Même sil ne se dégrade pas, il se fragmente dans l'environnement, à cause d'une combinaison de forces mécaniques comme les vagues et/ou de processus photochimiques déclenchés par la lumière du soleil. Cela signifie que le plastique se décompose en morceaux de plus en plus petits, communément appelés micro-plastiques. Ces fragments peuvent provenir de filets et lignes de pêches cassés, de sacs, films et bouteilles plastiques, de résidus de plastique oxo-biodégradable, de matières premières industrielles comme des granulés ou d'autres sources directes de particules plastiques comme par exemple les démaquillants.
Récemment, une nouvelle source de micro-plastiques a été identifiée, à savoir la perte de fibres textiles synthétiques dû au lavage du linge de maison. La plupart d'entre eux semblent échapper aux écrans de traitement dans les stations d'épuration et finissent dans l’océan. Les micro-plastiques flottent normalement à la surface parce qu'ils sont moins denses que l'eau de mer mais la flottabilité et la densité des plastiques peuvent changer au cours de leur séjour en mer à cause des intempéries et de l'encrassement biologique qui les repartissent sur la surface, dans les colonnes d'eau et dans les sédiments. Ce courant régulier mais constant de micro-plastiques mène vers un accroissement conséquent de la proportion de plastique vers le plancton dans l'eau. En raison de leur taille, ils deviennent disponibles à un éventail beaucoup plus large d'organismes et se sont montrés ingérés par plusieurs espèces, allant des arénicoles, moules et poissons jusqu'aux oiseaux. L'ingestion de micro-plastiques par des espèces à la base de la chaîne alimentaire provoque des inquiétudes puisque pas grand-chose n'est connu des effets et du transfert entre les différents niveaux trophiques.
Pilules contaminantes?
Pour ne rien arranger, l'infiltration des additifs toxiques du plastique, utilisée dans la fabrication de matériaux plastiques (par exemple le tétrabromobisphénol A ou TBBPA), lorsqu'ils arrivent dans le milieu marin, accumulent des polluants organiques persistants (POP) comme les biphényles polychlorures cancérigènes et perturbateurs du système endocrinien (PCB), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (PAH) et les pesticides organochlorés résidant dans les océans. Les débris plastiques peuvent attirer et concentrer jusqu'à un million de fois leur niveau en POP dans les eaux de mer environnantes et, une fois ingérés par des animaux marins, les POP mettent en danger la créature les ayant absorbés, mais aussi les organismes situés plus haut dans la chaîne alimentaire.
Cela signifie que les effets possibles des micro-plastiques sur les organismes marins après ingestion sont potentiellement triples : le blocage physique, ou dommage, de l'appareil nutritif ou des voies digestives, l'infiltration d'additifs plastiques dans des organismes après la digestion, et l'accumulation de produits chimiques adsorbés depuis la particule vers l'organisme. Mais les effets ne s’arrêtent pas là ; vu que les micro-plastiques se trouvent dans les organismes situés a la base de notre chaîne alimentaire, ils s'accumulent lors de leur montée dans la chaîne et donc pourraient se retrouver, a terme, dans nos assiettes !
Le moyen le plus efficace pour gérer la question de la pollution des déchets marins est d'en limiter l'apport, en changeant en premier lieu les méthodes et les comportements qui en causent l'apparition. Pour l'instant, environ seulement 3,5% du plastique généré dans le monde est recyclé, et a peu près 10% du plastique produit finit dans la mer chaque année (4). Cela signifie qu'a ce stade, il est probablement préférable de se concentrer sur le fait d'éviter de rajouter de nouveaux déchets plutôt que d'enlever ce qui s'y trouve déjà. En particulier les opérations de nettoyage coûteuses – par exemple les programmes de repêche des déchets qui compensent en envoyant des pêcheurs pour repêcher et collecter des détritus devraient être évités car ils ont probablement un impact négatif sur l’environnement marin a cause d'une surcapacité soutenue de flottes de pêche, de prises accessoires et de la consommation de carburant.
La conservation et l'élimination appropriée des déchets marins par les pêcheurs devrait devenir obligatoire et sans compensation, car à long terme ils recueilleront les bienfaits en même temps que chacun d'entre nous. La vérification des déchets statutaire pour tous les navires et la rétention et l'élimination de déchets pêchés par les pêcheurs commerciaux requièrent, bien sûr, une extension des installations portuaires de réception des déchets. Les ports et les pêcheurs ne sont pas les seuls qui doivent être actifs et qui nécessitent des installations de réception. De meilleures installations de collecte des détritus font souvent défaut en général sur les plages et dans nos environnements quotidiens. D'une manière générale, le nettoyage obligatoire, de meilleures installations de réception et d'applications de la collecte des déchets, de pair avec des programmes éducatifs précis pour le grand public et les intervenants impliqués devraient s'améliorer pour pouvoir changer notre comportement vis-à-vis des déchets.
Bien entendu, nous devons réduire la production d'immondices et éduquer les gens à ne pas pratiquer le dépôt sauvage, mais dans la plupart des pays du monde une certaine quantité de plastique échappera toujours aux filières d'élimination par défaut et se retrouvera dans la nature ou l’océan, d'où il ne peuvent vraisemblablement pas être collectés. De toute évidence, nous pouvons renverser ces tendances par une utilisation meilleure, ou moindre, de l'emballage plastique, par le développement de plastiques mieux conçus, un meilleur étiquetage et la promotion de produits des marchés locaux. Si nous pouvons acquérir du thon capturé sans prise accidentelle de dauphins, pourquoi pouvons-nous pas acheter des produits garantis sans plastique ou respectueux de l'environnement fabriqués à base de plastiques qui se convertissent a la fin de leur utilité en matériaux réellement biodégradables dans l'environnement ? Actuellement, il y a beaucoup de controverse en ce qui concerne les plastiques biodégradables et leur répartition efficace, principalement à cause du manque de régulations claires.
Un autre point critique qui nécessite une attention urgente est le débordement des égouts, une situation dans laquelle les immondices non traités sont renvoyés dans l'environnement avant d'avoir pu atteindre la station dépuration. Ils échappent ainsi au traitement des eaux usées, même là où les installations de traitement existent. Cela arrive surtout à cause de fortes pluies et parfois aussi par l'ouverture délibérée des valves. C'est le plus fréquent dans les villes avec une infrastructure souterraine obsolète -Paris, Londres, Stockholm, New York et Washington DC sont des exemples typiques de ce genre de lieux. L’agence U. S. de la protection de l'environnement estime qu'environ 40,000 cas de débordements ont lieu aux États-Unis chaque année. D'autres pays développés d'Europe, ainsi que le Japon ont une fréquence identique, voire supérieure, d'événements similaires.
Les économies émergentes continuent de déverser a peu près la moitié de leurs eaux usées sans traitement d'aucune sorte. Leurs débris incluent typiquement les déchets de rue, les eaux usées industrielles, les effluents domestiques, les eaux d'égout brutes et les déchets médicaux. Améliorer le fonctionnement, le stockage et l'efficacité des débordements d'égouts devrait efficacement limiter cette contribution. Malheureusement cela implique généralement des coûts d'infrastructure assez élevés, bien que la Chine à expérimenté avec succès la construction de zones humides moins coûteuses mais néanmoins efficaces, grâce à une coopération scientifique internationale.
Gestion du territoire
Beaucoup de pays font face à des obstacles significatifs concernant la prévention et le contrôle efficaces des déchets marins. Dans beaucoup de cas, des entraves financières, culturelles et d'ouverture d'esprit peuvent limiter le développement d'une volonté politique pour s’occuper du problème. Il ne s'agit typiquement pas d'un problème des pays développés ou de régions industrielles, même si des différences et pressions régionales peuvent laisser des empreintes différentes.
Un examen des déchets marins dans la région des mers d'Asie orientale a conclu que le problème des détritus maritimes semble particulièrement grave dans cette région, dû en partie au développement industriel et urbain massif dans la zone côtière, combiné à une croissance exponentielle et soutenue des activités navales desservant l'économie régionale en forte expansion, ainsi que l'actuel manque de prévention et de contrôle des déchets marins dans de nombreux pays limitrophes (6). Dû a la taille importante de l'industrie de la pêche et au manque de réglementation efficace, avec des prises illégales, non déclarées et non réglementées au plus haut niveau, du matériel de pêche perdu ou abandonné doit contribuer au problème dans les mers d'Asie orientale.
L’expérience des Caraïbes démontre que la gestion efficace des déchets en mer n'est d'autre qu'un problème d'organisation au sol, donc gérer la collecte des déchets sur terre est la plus grande part du problème. Un sondage pays par pays fût nécessaire pour influencer la politique et s'assurer que les déchets des navires et les installations de réception portuaires soient intégrés aux plans nationaux de disposition des détritus. Cela requiert une standardisation des charges et un changement de contrôle entre le port et l’État concerné. Ensuite, les installations de réception portuaires et les mécanismes de recouvrement des coûts doivent être introduits dans tous les États membres des Caraïbes pour que la mesure puisse être efficace.
Uniquement dans l'Union Européenne, nous jetons trois milliards de tonnes de déchets chaque année. Ça fait un total de 6 tonnes pour chaque homme, femme et enfant par an. La plupart de ce que nous jetons est brûlé dans des incinérateurs ou stocké dans des décharges (67%). D'ici 2020, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que nous pourrions générer 45% plus de détritus qu'en 1995 (7). Malheureusement, accumuler les déchets n'est pas une solution viable et les brûler est tout aussi insatisfaisant dû aux émissions et aux résidus polluants fortement concentrés.
L'exportation légale ou illégale de déchets vers les pays pauvres est devenu un vaste commerce en pleine expansion, les entreprises essayant de minimiser les coûts de nouvelles lois qui taxent les détritus ou requièrent le recyclage ou le traitement responsable des ordures dans le respect de l'environnement. Il est souvent plus coûteux d’incinérer ou de recycler en Europe que de tout mettre dans un bateau vers l’étranger. Il n'existe pas de contrôle adéquat pour ce genre de négoce et les voies de repli abondent. La tentation d'exporter des immondices est énorme, parce que le recyclage chez nous devient de plus en plus onéreux dû aux nouvelles lois environnementales européennes. De grosses quantités de détritus dans l'ensemble de l'UE échappent au traitement légal. Les déchets d'équipements électriques et électroniques (D3E), par exemple, sont souvent libellés comme des produits de seconde main, pouvant être légalement embarqués, alors qu'ils sont en fait destinés à être démontés.
(4) http://www.algalita.org/pdf/plastics%20are%20forever%20english.pdf
(7)http://ec.europa.eu/environment/waste/index.htm
L'UE vise une baisse significative des ordures générées, au travers de nouvelles initiatives de prévention, une meilleure utilisation des ressources et l'encouragement du changement vers un schéma de consommation plus durable. Là ou c'est envisageable, les détritus non recyclables ou non réutilisables devraient être incinérés de manière sécurisée, et l'emploi des décharges ne devrait constituer qu'un dernier recours. Ces deux méthodes nécessitent un suivi de près car présentent un potentiel d'endommagement environnemental sévère.
L'UE a récemment approuvée une directive fixant des règles strictes en matière de gestion des décharges. Elle exclut certains types de déchets, comme les pneus usés, et fixe des objectifs pour réduire les quantités de déchets biodégradables. En Février 2011, les membres du Parlement européen (MPE) ont adopté une nouvelle directive en rapport avec les déchets d'équipements électriques et électroniques (D3E). L'objectif principal est de réduire la quantité de D3E aboutissant dans les décharges, et de restreindre le recours a des substances dangereuses dans la fabrication d'équipements électriques et électroniques (3E).
Une autre directive récente fixe des limites strictes sur les niveaux d'émissions provenant des incinérateurs. L’Union européenne veut réduire les émissions de dioxines et des gaz acides tels que les oxydes d'azote (Nox), les dioxydes de soufre (SO2) et les chlorures d'hydrogène (HCl) qui peuvent être nocifs pour la santé humaine. Les lois de L'UE en matière de traitement de déchets impliquent aussi plus de recyclage du papier et de plastique chaque année, et d'une manière générale interdisent l'usage des décharges, alors que l’incinération est désormais fortement taxée dans la plupart des pays européens (8). Les autorités locales se retrouvent sous une pression croissante pour recueillir les matériaux séparément à cause de la directive UE en matière de décharges. La charge en incombe désormais aux citoyens, à qui on demande désormais de trier leur déchets individuellement. Étant contraints de trier leurs ordures dans de nombreuses poubelles séparées (parfois jusqu'à 7) frustre souvent les contribuables, même ceux voulant recycler. Ça met une pression inutile sur les ménages et n'encourage pas le recyclage dans le futur. Le règlement interdit également d'exporter les déchets vers des régions du monde plus pauvres, à moins que le pays d'accueil accepte ce type de déchets et qu'ils sont pris en charge par un recycleur certifié.
Les lignes directrices européennes interdisent l'exportation de certaines matières dangereuses ainsi que ce qu'on appelle les déchets 'problématiques', définis comme se prêtant mal au recyclage et donc présentent un danger pour l’environnement de leur destination, par exemple des détritus détrempés ou des ordures ménagères mixtes. Les lois européennes suivent généralement les lignes directrices de la Convention 1992 de Bâle, le traité qui régit les exportations de déchets dangereux, et un amendement proposé en 1998 (9). Malheureusement, les États-Unis d'Amérique furent l'un des rares pays qui ne ratifièrent pas la convention, par conséquent une grande partie du commerce des immondices interdit par l'Europe est toujours légal aux États-Unis, où les lois actuelles mettent l'accent uniquement sur les déchets les plus dangereux.
Néanmoins, certains types d'exportations de déchets peuvent être respectueux de l'environnement. Si les produits et les emballages utilisés en Europe sont fabriqués en Asie, il peut être judicieux de les renvoyer là-bas pour être recyclés. Le commerce des déchets, légal et illégal, est en partie propulsé par le fait que les économies à croissance rapide comme la Chine ou l'Inde ont besoin de matières premières. Le jour où nous verrons la valeur des détritus sera le jour ou plus rien ne sera perdu. Les matériaux recyclés sont moins chers que les matériaux vierges; ils réduisent les émissions de gaz à effet de serre et la dépendance envers les importations. Et donc l'objectif principal est d'associer les déchets au profit. Percevoir les déchets comme une ressource peut être un puissant antidote contre le fait d'être submergé dans les ordures dans les décennies à venir.
Remarquablement, une Évaluation du Cycle de Vie par l'Agence de l'environnement du Royaume-Uni a montré que les sacs en plastique sont l'option la plus respectueuse de l'environnement pour le transport de marchandises et aussi pour les protéger de la contamination. Remplacer tout le plastique par des matériaux organiques appliquerait trop de contraintes sur la production alimentaire a cause d'une concurrence de l'espace disponible avec les plantations de produits comestibles. Le coût du transport et la consommation de pétrole monterait également, ayant un impact direct sur l’émission de CO2 . Donc au lieu de bannir totalement un produit ayant aussi clairement des avantages et des défauts, nous devrions cibler les point négatifs et réduire, réutiliser et recycler des produits et emballages à usages uniques qui terminent souvent sous forme de déchets. Pour y arriver, nous allons devoir reconsidérer la valeur que nous accordons au détritus et tenter de l'exploiter comme une ressource plutôt qu'un produit jetable.
(8) http://ec.europa.eu/environment/waste/index.htm
(9) http://europa.eu/legislation_summaries/environment/waste_management/l28043_en.htm
Un rapport récent de la Commission européenne sur les déchets indique que la gestion des ordures et le recyclage peuvent grandement contribuer à la croissance économique et à la création d'emplois. L’étude présente une analyse approfondie des effets d'une meilleure implémentation et application de la législation et démontre que le bénéfice serait conséquent. La crise économique européenne fixe de nouvelles priorités pour notre société ainsi que pour la création d'emploi et la gestion durable des ressources devrait en être l’épicentre. Dans l'UE, nous approchons le triste chiffre de 24 million de demandeurs d'emplois ; dans certains pays, comme entre autres l’Espagne, presque une personne sur quatre est sans travail (22,8% en 2011) et cette statistique augmente chez les jeunes.
Relever le défi mondial
Traduction française par Len Ferlini.
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