Ousmane Diouf nous fait découvrir un de leur rôles encore méconnu
Porte-voix des esprits envers la communauté ou émissaire de la Prêtresse à Yoff auprès du sacré
S’il est vrai que le griot est un élément clé de la société, il assume des rôles d’importance capitale, encore peu connu du commun des mortels.
En effet, il est reconnu, que les griots ont toujours été poètes, philosophes, médiateurs dans les conflits et conseillers des hommes au pouvoir, y compris déjà dans les royaumes anciens.
Mais notre mission, qui accorde une primauté à la dimension du « sacré », a été une excellente occasion d’apprécier un autre rôle, extrêmement délicat, du griot.
Celui-ci nous rappelle d’ailleurs et par analogie, la fonction complexe de certaines personnes même dans l’administration moderne contemporaine.
Il en est ainsi, en tout cas dans le contexte ouest africain, du Préfet dont on ne sait s’il représente l’Etat auprès des populations ou l’inverse.
Le Ndoep commence par une séance d’incantation qui se passe la veille du premier jour de la pratique effective de cette danse thérapeutique.
Ce premier jour est la clé de tout le temps que va durer cette pratique ancienne dans la mesure où, il s’agit non seulement de demander l’autorisation de faire le Ndoep auprès des Esprits, mais aussi de les inviter à être présents parmi la population, afin de libérer les malades de ce qui les empêche de recouvrer leur état de santé initial.
L’acceptation des Esprits, qui ont la clé des remèdes et par conséquent dont dépend la réussite du Ndoep, est fonction de la capacité du Griot spécialisé en musique sacrée (fonction transmise par hérédité) et à travers des incantations, à communiquer le bon message et à entrer en parfaite communion avec ces esprits.
Le Griot est donc le trait d’union, qui seul peut décoder le message transmis par la Prêtresse pour le transmettre aux Esprits.
Mais aussi, à travers la musique sacrée, il est le seul à pouvoir assurer la communication entre ces Esprits et la communauté.
En effet, les incantations du griot et chaque rythme joué par le griot pour la préparation et pendant le Ndoep, correspondent à un esprit bien déterminé.
Il serait d’ailleurs important de rappeler que la communauté Lébou est reliée à plusieurs esprits dont certains sont localisés, d’après elle dans d’autres communautés littorales, bien loin de Yoff, telles que Rufisque.
Mais il s’agit toujours de communautés Lébou dépendant traditionnellement de la pêche.