Célébration de la Journée mondiale de l'océan à Buenos Aires, Argentine
Plusieurs présentations et activités remarquables ont eu lieu lors de l'événement de la Journée mondiale de l'océan ce 6 juin 2024, à l'Université de Belgrano, Buenos Aires, Argentine. AyoJesutomi Abiodun-Solanke du Federal College of Fisheries and Marine Technology à Lagos, au Nigéria, a notamment présenté ses recherches portant sur l'utilisation de conservateurs naturels dérivés de matériaux végétaux encore sous-utilisés pour conserver le poisson au Nigéria. Son étude porte sur l'efficacité et la sécurité de ces conservateurs naturels, l'amélioration de la qualité du stockage et la réduction de la dépendance à l'égard des conservateurs de synthèse. Elle a également souligné la manière dont ces pratiques contribuent à la durabilité des océans, en réduisant la pollution et en soutenant les communautés de pêcheurs artisanaux.
L'ingénieur Gustavo Aldegani, chercheur à l'université de Belgrano, a discuté de la relation entre l'empreinte carbone et l'informatique, dont l'intelligence artificielle. Il a montré comment ces technologies modernes contribuent aux émissions de CO2, exacerbant le réchauffement climatique et la pollution des océans. Il a proposé des stratégies pour atténuer cet impact, dont notamment l'efficacité énergétique, l'adoption d'énergies renouvelables, l'économie circulaire et la compensation de l'empreinte carbone, soulignant l'importance de ces mesures pour protéger à la fois les personnes et l'environnement.
Patricia Morales, Professeure à l'Université de Louvain en Belgique et vice-présidente de Mundus maris, a insisté sur l'importance d'intégrer les droits de l'homme dans la protection des océans, s’inspirant de l'Agenda 2030 et de ses 17 Objectifs de développement durable comme cadre. Elle a souligné à quel point l'océan est crucial pour la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la santé humaine, l'égalité des genres et la durabilité environnementale. Elle a conclu que la coopération internationale et l'inclusion explicite des droits de l'homme sont essentielles à la réussite de la Décennie des Nations unies pour les sciences de la mer.
Mme Awa Djigal, transformatrice artisanale de poisson au Sénégal et secrétaire du Réseau des femmes de la pêche artisanale au Sénégal (REFEPAS), a souligné l'importance des femmes dans la chaîne de valeur post-récolte de la pêche. Elle a relevé les défis auxquels elles sont confrontées, tels que le manque de reconnaissance et les difficultés d'accès aux ressources et au financement. Elle a proposé des solutions telles que le renforcement de la diversification agro-écologique et l'amélioration de la gouvernance. Awa a conclu en lançant un appel à la protection de l'océan, source de vie, tant au niveau individuel que collectif.
Les présentations de type conférence ont été suivies d'un jeu de rôle avec des étudiants en biologie. Ce jeu a été développé par Mundus maris et adapté à l'Université de Belgrano pour le contexte de l'événement en Argentine. L'objectif est d'inciter les jeunes adultes à chercher à comprendre les défis et à trouver des solutions pour la gestion durable des ressources marines. L'un des éléments clés est la création d'une aire marine protégée (AMP), comme le prévoit le Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) adopté au niveau international en décembre 2022, afin d'enrayer les extinctions massives d'espèces, en particulier dans la mer.
La version originale du jeu de rôle a été testée avec la quasi-totalité des 11 acteurs proposés pour représenter des parties concernées par la création d'une nouvelle aire marine protégée afin de contribuer à la mise en œuvre du CMB. Le défi consistait à faire fonctionner la zone protégée face à des intérêts au moins partiellement contradictoires. Dans la configuration de l'événement de la Journée mondiale de l'océan, les étudiants en biologie de troisième année ont joué le rôle de parties prenantes avec la participation des étudiants de deuxième année et de première année. Ils ont été divisés en six groupes, chacun étant chargé d'adopter le rôle d'un des groupes d'acteurs considérés comme essentiels au bon fonctionnement d'une AMP. Ces groupes étaient constitués de représentants d'une autorité publique, de scientifiques, de pêcheurs artisanaux, de pêcheurs industriels, de propriétaires de parcs éoliens et d'ONG de protection de la nature. Chaque groupe a d'abord visionné une vidéo explicative produite par l'IA à partir d'un court texte d'introduction sur son personnage, puis s'est vu remettre des documents imprimés afin d'approfondir son rôle propre. Ils ont ensuite disposé de 20 minutes pour développer les arguments de leur groupe avant de s'engager dans un échange avec d'autres parties prenantes ou détenteurs de droits. Marcelo Morales Yokobori, en tant que modérateur, soutenu par des étudiants en biologie, a ensuite lancé l'échange général. Celui-ci a commencé par des présentations des arguments développés au sein de chaque «groupe» et a évolué vers une discussion dynamique qui comprenait également des échanges directs entre ceux jouant le rôle des parties prenantes.
Dans le cadre de ce jeu de rôle, les représentants du gouvernement ont proposé une réglementation stricte et la création d'un parc éolien en mer, les pêcheurs industriels ont demandé un soutien pour des méthodes durables, et les ONG et les biologistes ont recommandé la création d'aires marines protégées et des pratiques de pêche durable. Les pêcheurs artisanaux ont exprimé leurs inquiétudes concernant la pêche industrielle et ont suggéré de promouvoir le tourisme et les pratiques durables. L'activité s'est terminée en soulignant la nécessité d'une collaboration entre tous les acteurs pour parvenir à une protection efficace de la biodiversité marine avec des écosystèmes sains et productifs. Le résumé des résultats est disponible ici.
Sans confronter les autres parties prenantes dans un échange direct, les discussions au sein des groupes ont tout de même suscité beaucoup d'émotions, les étudiants essayant de se glisser dans la peau de leurs personnages et se passionnant dans leurs efforts pour rassembler les meilleurs arguments. Bien que le temps ait été trop court pour permettre un débriefing critique du jeu de rôle, il semble qu'il a généré un processus d'apprentissage allant au-delà de l'assimilation de certains faits. L'ensemble de l'exercice a même été intéressant pour les participants à l'événement en ligne, dont certains ont demandé après coup s'il était possible d'utiliser le jeu de rôle pour s'engager avec les parties prenantes dans la mise en place d'une AMP concrète dans un autre lieu.
Mundus maris est heureuse de stimuler des adaptations originales du jeu de rôle aux conditions locales, tant que l'objectif principal d'une protection efficace de la biodiversité et des océans reste au centre de l'application.
Traduction française de Christiane van Beveren.