Beaucoup d'encre a coulé depuis des mois déjà, bien avant la Sommet de Rio +20. Les attentes ont été atténuées dès les préparations des négociations, car il est devenu clair qu'il y avait peu de points communs entre les pays riches et pays pauvres, entre les régions et les groupes d'intérêt différents. Donc, nous nous sommes retrouvés avec un document peu ambitieux, plein de bonnes intentions, mais avec très peu d'engagement concret à l'action et laissant à peu près tout le monde malheureux. Il est temps de passer à autre chose et de faire appel aux organisations de la société civile, aux conseils municipaux, aux entreprises intéressées à aller au-delà de green washing, aux gouvernements des pays en développement et à d'autres encore de trouver de nombreux anciens et nouveaux modes de préparer nos sociétés à un avenir durable.

Dévalorisant déjà les attentes, aucune tentative n'a été faite pour combiner sous un même toit les conversations des conférences des parties présentes aux trois conventions mondiales engendrées par la Conférence sur l'Environnement et le Développement (CNUED) à Rio en 1992 (communément appelé le «Sommet de la Terre»). Celles-ci sont:

  • la Convention sur la diversité biologique (CDB),

  • la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui a également donnée lieu au Protocole de Kyoto à la 3e Conférence des Parties à Kyoto, et

  • la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD).

«L'avenir que nous voulons» était le titre des 19 pages du projet-zéro du document issu final publié le 10 janvier 2012 par l'ONU. Cette version établie par le Secrétariat CDD (CDD = Commission pour le développement durable), comprenait des contributions des États membres de l'ONU et d'autres intervenants soumis à l'UNDESA en Novembre 2011, ainsi que les entrées ajoutées à la PrepCom de Rio +20 en décembre 2011. Les thèmes principaux étaient les suivants: l'emploi, l'énergie, les villes, la nourriture, l'eau, les océans et les catastrophes abordés dans une perspective d'économie 'verte'. Le deuxième axe était plus institutionnel et abordait plus la configuration future de la gouvernance mondiale en matière de développement durable.

Cet effort initial, gonflé à plus de 200 pages au cours de la session de négociation à l'ONU en mars 2012, fut ensuite réduit à 80 pages au début de juin, mais dont la plupart étaient, cependant, des contentieux entre les parties en négociations présentes à la conférence elle-même.

Des divergences restaient présentes dans plusieurs domaines-clés jusqu'au début de la PrepCom précédant la Conférence proprement dite, dont entre autres : le changement climatique, les océans, la nourriture et l'agriculture, le processus pour l'établissement des objectifs de développement durable (SDG), les moyens de mise en œuvre, la finance et le transfert de technologie; la gouvernance du développement durable, et enfin la façon d'interpréter le concept de l'économie dite 'verte'. Il n'y avait pas d'accord non plus sur la question de transformer le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) en une organisation.

Il semble juste de préciser que les positions et les intérêts entre les négociateurs des différents pays étaient trop éloignées pour développer un terrain d'entente propice aux grandes décisions. Le Groupe des 77 à investi beaucoup de ses efforts afin obtenir des concessions sur le transfert des technologies environnementales existantes, mais sans accord sur les termes et les droits de propriété intellectuelle (DPI), peu de progrès concrets ont été faits autrement qu'en réitérant le texte déjà adopté dans le contexte de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Et il en fut de même pour de nombreux points de discussion importants. Il n'a pas suffit que l'ancien président chilien Michele Bachelet préside le Sommet des Femmes Dirigeantes de l'ONU le 21 juin, en présence de nombreuses femmes influentes, y compris Dilma Roussef du Brésil, pour obtenir un langage dans la version finale qui aurait reconnaissé les différences entre les sexes dans la façon dont les gens sont touchés par le changement climatique, la crise économique et les pénuries de carburant. De la sorte, sur la plupart des questions, le langage adopté utilise des termes comme 'reconnaître' et 'réaffirmer' et fait référence à des « engagements » déjà pris plus tôt. Mais il y a guère d'accord sur la manière d'avancer. Les représentants des pays riches n'étaient pas prêts à regarder assez loin au-delà du maintien de leurs privilèges actuels et ne semblaient pas prêts à travailler à un avenir plus durable pour tout le monde sur la seule planète sur laquelle nous vivons.

Donc, il se peut qu'on se remémorera principalement Rio+20 comme la Conférence des Nations Unies sur la mise en accord pour le lancement de différents processus, y compris sur la gouvernance et le développement des objectifs à développement durable, parmi d'autres. Le qui, quand et comment sont par contre encore loin d'être clairs au moment d'écrire ceci.

Les engagements existants vers les océans et dans quelle mesure ils ont été atteints (ou plutôt non) ont été résumées dans un article de Science, juste avant Rio +20. La priorité devrait alors être donnée de mettre en œuvre ces engagements existants par les gouvernements. Les efforts déployés par les ONG environnementales afin de sensibiliser et de renforcer le mandat des gouvernements à mettre en œuvre des engagements et appliquer la législation a porté quelques fruits, mais le renforcement de consensus plus large est nécessaire pour pouvoir aller de l'avant.

 

Pendant ce temps, des organisations de la société civile, des entreprises, des groupes de scientifiques et de nombreux autres se démenaient pour participer à l'action. Une chose est claire, même si les gouvernements ont été incapables de s'entendre sur les objectifs et la façon de partager les coûts et les avantages des changements majeurs, qui seront nécessaires, personne ne conteste ouvertement la nécessité de prendre des mesures. SciDev.net a suivi l'évolution du point de vue de ce que la science peut contribuer pour remettre à nouveau nos sociétés en harmonie avec la capacité de reproduction des ressources terrestres et océaniques de la Terre, réduisant le découvert endémique. Mobiliser les citoyens et les organisations de société civile et régner sur le pouvoir des entreprises sont deux elements de l'équation de notre avenir.

Ce ne sont pas le possibilités de s'impliquer qui manquent, et ce, à tous les niveaux - comme démontré par les jeunes du Collège d'enseignement moyen (CEM) de Kayar, au Sénégal, qui sont sortis pour nettoyer la plage à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement 2012 (photo Abibou Diop).