Mr Alassane Diallo est le secrétaire chargé de l'information au Centre de formation en foot appelé « Maison Foot », basée dans la communauté de pêcheurs de Hann. Il nous a accordé une interview sur la place occupée par le sport dans la protection de l'environnement (en particulier le foot) au Club Mundus maris Sénégal. Nous vous livrons ci-dessus les éléments de cet entretien:

 

MM: Mr Diallo, c'est la quatrième année qu'au nom de votre centre de formation vous célébrez avec Mundus maris la Journée mondiale des océans. Expliquez svp l'intérêt accordé à cet événement.

AD: Vous savez, au niveau de toute la commune de Hann Bel Air dont fait partie notre communauté qui dépend économiquement et culturellement de la pêche, c'est la seule manifestation avec une dimension internationale qui traite d'un sujet portant sur l'océan, un écosystème vital pour nos populations et qui a lieu tous les ans, à une date invariable. Ce qui constitue un bon moyen de communication sociale en faveur des océans et surtout de notre baie (la Baie de Hann), qui est très polluée.

MM: Pouvez vous expliquer en quoi la manifestation en elle-même est un moyen de communication sociale, efficace, avec des impacts étant donné que vous faites référence à la pollution de la baie ?

Le public suit attentivement le tournoiAD: Vous savez, plusieurs facteurs ont contribué à la dégradation de l'état de santé des océans tels que le déversement d'ordures ménagères, les produits polluants venant des industries à terre, des bateaux d'hydrocarbures, etc. Comme l'océan nous retourne tout ce qu'il ne peut pas digérer, il en résulte aujourd'hui, entre autres conséquences, la pollution de notre baie qui fut l'une des plus belles baies jusqu'à être comparée à celle de Rio. Malheureusement, elle n'est plus fréquentable. C'est dans ce contexte qu'un tel événement ne peut qu'attirer l'attention des riverains de la baie pour qui la Journée mondiale est l'unique manifestation « alerte » qui est organisée de manière périodique, chaque année à une date inscrite dans notre agenda.

MM: Comment expliquez–vous la décision de votre centre « Maison Foot » d'organiser l'édition 2017 de la Journée mondiale des océans dans un autre cadre de collaboration – entre Mundus maris et l'amicale de toutes les écoles de foot de la commune de Hann Bel Air – allant au delà du partenariat habituel qui se limitait à votre centre.

AD: C'est dans un souci d'impact. Ce que nous pouvons atteindre en tant centre de formation isolée, nous pouvons le faire mieux avec cette amicale qui regroupe 19 centres de foot ball que compte notre commune.

MM: Vous ne cessez d'insister sur l'importance à continuer à impliquer les acteurs du monde sportif dans ces types d'initiatives en faveur de la préservation de notre environnement de manière générale, et la protection des océans et de la Baie de Hann en particulier. Pouvez vous expliquer davantage?

AD: Je ne sais pas s'il en est de même dans les autres pays qui nous entourent, mais au Sénégal, le sport (par ordre d'importance le foot ball et la lutte) constituent les deux vecteurs / biais informateurs les plus efficaces pour tout message à véhiculer auprès des populations quel que soit l'émetteur du message: politiciens, militants de défense de l'environnement, etc.

Alassane Diallo (au milieu) lors de la cérémonie pour les gagnantsLes explications profondes à la place occupée par le foot ball peuvent être les suivantes: (i) nous avons plus de la moitié de nos populations qui sont très jeunes et adeptes du ballon; (ii) face au peu de chance de réussite sociale que peut accorder l'école avec un fort taux de déscolarisation à Hann, le foot est un ascenseur social car nous avons des jeunes sortis de nos écoles qui jouent dans des clubs au niveau du continent et même en Europe, avec des salaires au delà de leurs attentes; ceci sans oublier le fait que les trophées offerts chaque année par Mundus maris sont rares, jamais offerts à nos compétiteurs; ce qui constitue un stimulant pour des écoles qui manquent souvent de compétition.

MM: Avez–vous autre chose à ajouter par rapport à la contribution du sport aux efforts de l'amélioration de l'état de santé de notre environnement en général?

AD: Si, car il y'a une chose que j'ai oublié. Vous savez, il y'a quelque chose de peut être un peu ridicule pour certains que je vais dire, à savoir  « C'est avec les tournois organisés par Mundus maris que beaucoup de nos jeunes élèves foot balleurs se rendent comptent du rapport entre environnement sain et pratique du sport ». Comme il est d'usage dans le cadre de la Journée mondiale des océans de commencer par un nettoyage de la plage, suivi d'un tournoi parrainé par Mundus maris, les jeunes prennent conscience qu'on ne peut pas pratiquer du sport dans un environnement dégradé. Ainsi, pour pouvoir pratiquer de manière continue – essentiel pour un foot balleur qui veut se tenir en forme – il faut maintenir son environnement (sa plage ou sa baie) propre.

MM: Y'a -t-il quelques limites dans la collaboration et des propositions d'amélioration pour l'avenir?

AD: Oui évidemment. Rien n'est parfait. Je pense que les contraintes ou limites à inscrire dans notre programme de partenariat tournent autour de trois points à savoir: (i) la nécessité d'être plus ambitieux et sans complexe en élevant cet événement au niveau de la commune de Hann Bel à travers une grande conférence de presse au terme de chaque édition; (ii) faire tout pour que les acteurs de la pêche s'expriment lors de cette conférence sur les rapports entre état de santé des écosystèmes marins et défis actuels pour les communautés de pêcheurs, mais aussi et surtout, ce qui va être plus difficile. (iii) Enfin, toujours en ce qui concerne les perspectives futures, nous souhaiterions que Mundus maris, dans les limites de ses possibilités, nous facilite l'entrée en contact avec certains equipentiers professionnels- en particulier du foot - pour les besoins exclusifs de la Journée Mondiale des Océans. Si cela pouvait se réaliser nous en tirerions profit en mieux mettant en évidence la contribution du foot ball a la protection de l'environnement. Mais aussi pour ces sociétés, c'est un moyen de faire leur promotion parmi des jeunes pour qui le foot ball est une des voies de sortie des conditions dans lesquelles ils vivent.

Propos recueillis le 18 jiuillet 2017 par le Club Mundus maris – Sénégal