«Ecouter le pouls de la planète!» a été l’intitulé pour un concert le 24 Janvier 2013 dans l'espace Yehudi Menuhin au Parlement européen, sous le patronage de la Vice-présidente Isabelle Durant. 45 musiciens provenant des institutions européennes et le chœur des enfants de l'Ecole européenne Bruxelles II, ont présenté les Variations Goldberg de Johann Sebastian Bach.
La fondatrice du concept, Naomi Takagi, considère cela comme le début d'une initiative globale et affirme que "L'universalité, le pouvoir unificateur et l’effet guérisseur de la musique sont reconnus à travers le monde. La musique est le langage mondial suprême, qui surpasse toutes orientations politiques, culturelles, religieuses et ethniques, et touche les profondeurs de l'existence humaine. Non seulement la musique inspire, soutient, change et améliore le bien-être de tous ceux qui y participent, mais elle favorise également la compréhension, crée des liens entre les gens, les mobilise en grand nombre, même à travers les frontières, et a soutenu des initiatives humanitaires pour la paix et des résolutions pacifiques là où d’autres moyens ont échoué.
Durant cette période de crise mondiale, nous reconnaissons l'importance de la solidarité universelle et proposons le recours à la musique pour mobiliser et engager l'humanité de tout âge et de toute nationalité."
Jean Ferrard, professeur h.c. au Conservatoire Royal de Musique à Bruxelles a commenté l'importance de Johann Sebastian Bach et son immense œuvre, qui a inspiré des gens indépendamment du fait qu'ils partageaient ses croyances religieuses. Bach a laissé une marque profonde bien au-delà de ses contemporains et nous parle aujourd'hui à travers la structure et le son de sa musique structurée d'une façon sécurisante et équilibrée.
Personne n’a échappé au charme du concert, qui a été possible grâce à la générosité et la solidarité de nombreux coups de mains telles que ceux des musiciens qui, sans être des professionnels de haut niveau, ont pris l'initiative de faire face à la rude tâche qu’est de jouer devant un large public, comme un signe de leur dévouement pour la cause. Plusieurs groupes d'instruments à cordes et à vent, ainsi que des chants alternés avec le piano ont été présentés par plusieurs musiciens. Ils ont reflété la diversité de l'âge, de la nationalité et de la maturité, et la perspective que le concert devait mettre en évidence - tous liés entre eux par les belles variations Goldberg de Bach.
La chorale des enfants a chanté l'aria finale avec Annabel Hannan du Parlement européen au piano.
En conclusion, la Vice-présidente du Parlement européen, Isabelle Durant, a remercié Naomi Takagi, les musiciens et tous les supporters pour le beau moment passé ensemble en écoutant la musique.
Elle a invité l'auditoire à prendre l'appel des organisateurs à cœur pour renforcer les structures existantes et créer de nouvelles initiatives afin de faire front commun pour protéger notre belle mais fragile Terre.
Une réception offerte par le groupe CRE du Parlement européen a permis à la sensation de tranquillité, de solidarité et la volonté de faire quelque chose se prolonger lorsque le public et les musiciens se sont mélangés dans de conversations animées.
Mundus maris soutient l'initiative, entre autres, en encourageant les gens dans différentes parties du monde à la rejoindre et apporter leur propre façon d'écouter le pouls de la planète.
Faisons une pause pour être en synchronisation avec nous-mêmes, entre nous et avec notre belle planète bleue.
L'appel a été entendu par des artistes graphiques, qui ont conçu plusieurs affiches pour attirer l'attention sur l'événement. En voici une de Paolo Bottoni.
D'autres se sont déjà manifestés pour y contribuer.
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L'appel lancé avant le concert «Ecoutez le pouls de la planète» au Parlement européen a déjà été entendu. L'équipe ALDEBARAN, recherche et communication marine à Hambourg, a produit une partie de leur séquence sous-marine avec les Variations Goldberg comme bande sonore. Il ya cinq pièces d'environ 14 minutes chacune:
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Regardez les vidéos sur la vie marine et côtière. Vous verrez que certains sont déjà dans un état sérieusement dégradé, mais d'autres montrent encore au moins une bonne partie de leur ancienne gloire. Lorsque vous regardez et écoutez attentivement de la musique de Bach, vous comprendrez pourquoi la protection des océans et leur restauration à des états de santé antérieurs et de productivité sont un devoir.
Face à la surpêche, à la crise mondiale des déchets marins et au changement climatique, cela nécessitera réellement un élan de coopération et de solidarité à travers le monde.
Les sons interminables
Par Nuria Santos Estrella
A mon père…
À cette période de l'année, je n'ai pas beaucoup de clients, qui restent dans les cabanons.
J’en ai douze, mais cette semaine, seulement trois sont occupés. Les gens viennent de partout pour s’évader de la ville et séjournent dans un de mes cottages à cause de l’environnement sauvage et de la vue magnifique sur la rivière. Il y a tellement de visiteurs, que je ne me souviens à peine des conversations que j'ai eues avec mes clients.
Je ne suis pas curieuse de nature, mais je suis impressionnée par la facilité qu’ont les gens à parler de leurs vies avec franchise ; j’aime donc poser des questions. Il y a souvent des similitudes entre leurs vies et cela m’intéresse rarement, mais je considère que les écouter fait partie de mon travail.
Il y a quelques jours, est arrivée la fille aux sons interminables, et depuis son départ, ce lieu semble différent tout comme moi.
Elle n'était pas très différente des autres visiteurs, mais il y avait quelque chose en elle qui m'a intriguée.
Quand elle est arrivée, elle a demandé à être dans la chambre la plus proche de la rivière. Nous descendions le long du sentier qui mène au cottage en dépassant un certain nombre d’arbres et la fille aux chansons interminables marchait silencieusement. Une fois arrivées, elle n’était pas comme les autres clients et n’avait pas fait la tournée de vérification habituelle de la chambre. En revanche, elle ferma les yeux et resta un moment en silence, puis, après quelques minutes, elle me dît que la chambre était parfaite ; plus tard, j'ai compris pourquoi…
Chaque matin, elle se réveillait au lever du soleil et partait pour une très longue promenade. Dans la soirée, elle arrivait à l'heure du dîner et aimait manger avec les autres clients.
A son dernier jour, elle est arrivée après le départ de tous les autres clients et elle mangeait seule quand je suis venue la saluer.
Quand nous avons commencé à parler, je m'attendais à ce qu'elle soit comme les autres invités et qu’elle me pose des questions sur ma vie dans cet endroit isolé, dont j'ai l'habitude de répéter mes dialogues. Mais elle a plutôt parlé de choses qui n'étaient pas dans mon script. Je me suis alors intéressée à ce qu'elle disait et j’ai décidé de m'asseoir et d’avoir une conversation avec elle. Je lui ai demandé ce qui l'avait amené dans cet endroit isolé. Elle a pris un peu de temps pour répondre, comme si elle gardait un secret. Puis, elle m'a dit qu'elle était à la recherche de sons interminables.
J'ai vécu dans un endroit de sons interminables, mais je ne l'avais jamais ressenti de cette façon, c’est peut-être quand les choses ont un nom qu’ils commencent à avoir sens.
Pour elle, les sons interminables sont liés à la nature et quand elle les a découverts, elle ne les a plus quittés. Pendant qu'elle parlait, j'ai remarqué cette lueur de personnes passionnées dans ses yeux. J'ai toujours été émerveillée par ce genre de personne, et de la façon dont leurs passions transforment complètement leurs vies.
Un son interminable : les vagues de l'océan, le jeu éternel entre la lune et la mer, l'orchestre des animaux de la jungle où chaque seconde un nouvel acteur est né, une forêt où les feuilles ne cessent jamais de tomber, la course infinie d'une rivière vers la mer, la danse du vent avec les branches, la pluie dans l'océan et l'hymne de la nage des poissons dans la mer.
Je lui ai alors demandé pourquoi elle enregistrait les sons. Elle m'a expliqué qu'un jour, elle a été émerveillée et surprise par l'intensité de la musique et des sons. Par exemple, l'image de son défunt père était presque indifférente à son humeur, en revanche, écouter l'Opéra aura toujours un impact très profond et émotionnel sur elle. Dans sa mémoire, elle associe Opéra à son père et à son enfance. L'Opéra évoque chez elle un sentiment ambigu, mais la transporte en un instant dans le passé, pendant sa croissance. Chaque matin, son père chantait l’Opéra, la plupart des gens vont se réveiller avec un réveil, mais elle, écoutait plutôt Caruso, Pavarotti et Callas.
Pour la plupart des gens, prendre des photos est un moyen de mémoriser un moment dans le temps. Mais pour elle, les images n'ont aucun sens. Elle m'a dit que les sons et la musique sont liés à nos émotions et notre mémoire dans le cerveau. Nous établissons des liens entre eux, parce que nous les avons en nous-mêmes, nos battements de cœur sont des rythmes. La musique et les sons dans nos vies sont comme la clé qui ouvre les fichiers de notre mémoire.
«Nous prenons toujours des photos de paysages et de beaux endroits, mais les paysages nous parlent aussi» dit-elle. Elle a joué avec l'idée que chaque paysage parle une langue différente. Au lieu d'un album photo, elle a gardé un album acoustique. Au cours de ses voyages, au lieu d'une caméra, elle emportait un magnétophone et un microphone de sorte qu'elle ne capture pas juste un instant bref mais des milliers de souvenirs, d'images et de sensations sous la forme de vibrations qui voyagent des centaines de mètres par seconde dans l'air.
Langue d'origine: Espagnol
Traduction anglaise: David Adam Kess et Nuria Estrella Santos
Traduction française: Mané Sall
Cliquer ici pour écouter les sons interminables:
Mer et otaries. San Cristobal, Îles Galápagos, Equateur. Enregistré par Pablo Mejia Saccomori
Les oiseaux au lever de soleil. Quito, Équateur. Enregistré par Nuria Estrella Santos.